Intransigeant

Espagne

En Espagne, longtemps la foi catholique et la conscience hispanique n’ont fait qu’un. Le régime Franquiste avait renforcé cette institutionnalisation du rôle de l’Eglise catholique dans la société espagnole en 1945. Mais l’avènement de la monarchie (1975) et l’instauration de la constitution (1978) établissent « un Etat de droit social et démocratique » (art. 1er), où « aucune confession n’aura le caractère de religion d’Etat ». L’art. 16, compte tenu « des croyances religieuses de la société espagnole » prévoit des « relations de coopération avec l’Eglise catholique et les autres confessions ». Cette recherche de consensus témoigne des transformations de l’Eglise catholique mais aussi de la société espagnole après la chute de Franco. S’inscrivant dans une logique de sécularisation plus que de laïcisation, l’Espagne garantie donc la liberté religieuse mais aussi favorise la coopération. Dès la rentrée scolaire 2007, les écoliers suivent une « éducation à la citoyenneté » que l’Eglise Catholique dénonce. Dans le même temps, les cours de religions ne sont plus obligatoires.

L’article 239 du code pénal, avant son abrogation en 1988, déclarait :

« Art. 239. – Celui qui a blasphémé par écrit ou de manière publique ou par des paroles ou des actes qui ont produit un grave scandale public sera puni d’une peine d’emprisonnement majeure et d’une amende de trente mille à cent cinquante mille pesetas. »

Pratiquement plus appliquée, seules deux condamnations en 1983 avaient été prononcées. Pourtant, deux articles encore en vigueur sont proches et permettent une répression du blasphème.

Code pénal espagnol : Chapitre II – Des délits commis à l’occasion de l’exercice des droits de la personne reconnus par les lois, Section III – Des délits contre la religion catholique

« Art. 208. – Celui qui accomplira des actes de profanation en offensant les sentiments religieux légalement protégés sera puni d’une peine de prison mineure (de six mois un jour à six ans d’emprisonnement) et d’une amende de cent mille à cinq cent mille pesetas

On appliquera la peine maximale si les faits prévus au paragraphe précédent sont accomplis dans un temple, dans un lieu destiné au culte ou aux cérémonies de celui-ci, manifestations autorisées officiellement pour autant que cette requête soit nécessaire.

Si les faits revêtent une plus grande gravité ou une circonstance aggravante, on appliquera la peine du degré supérieur. »

« Art. 209. – Celui qui oralement ou par écrit se moquerait d’une confession religieuse ou qui outragerait publiquement ses dogmes, rites ou cérémonies sera puni d’une peine de prison mineure (de six mois à six ans d’emprisonnement), si les faits se produisent pendant la célébration d’un culte ou dans un lieu destiné à les célébrer et par une privation de liberté majeure (de un jour à six mois) dans les autres cas […] »

L’écrivain Fernando Arrabal est jugé pour blasphème en 1967 par un tribunal de l’Espagne franquiste.