Le régime belge est basé sur une séparation-reconnaissance et affirme les « droits et libertés des minorités idéologiques et philosophiques » (art. 6 bis). Le système politique est basé sur le système des « piliers ». Le pilier catholique et le pilier libéral ont investi le système d’enseignement. Le pilier socialiste est proche du mouvement ouvrier. Il n’y a donc pas un mais plusieurs piliers laïques qui ont parfois du mal à se comprendre.
La religion catholique entretien un lien privilégié avec l’Etat depuis plus d’un siècle. Par exemple, chaque tribunal a son crucifix. Par contre la Belgique offre une alternative à l’enseignement religieux avec des cours de morale civique. La communauté non confessionnelle est reconnue au même titre que les principaux ordres religieux. Le voile est autorisé sur la carte d’identité. Après la défaite des sociaux-chrétiens aux élections de juin 1999, un vent laïque a soufflé une nouvelle fois sur la Belgique.
Concernant le blasphème, la législation belge ne comporte par d’articles spécifiques. Seuls le roi et les chefs d’Etats étrangers sont protégés contre l’injure. Les Pandectes belges de 1884 argumentent cette position :
« Pour se soustraire à l’obligation que lui impose l’art.13 du décret sur la presse, un journaliste ne peut prétendre que les articles dont l’insertion lui est demandée constituent une injure à la sincérité de sa foi et à sa conscience catholique. Cette thèse aboutirait à faire apprécier par le tribunal les diverses croyances et doctrines religieuses qui peuvent se produire et se discuter dans la presse, et, à ce point de vue, le pouvoir judiciaire est sans qualité et sans compétence. »
En 2001, l’écrivain Gerard Reve obtient le prestigieux prix des Lettres néerlandaises. Mais le roi Albert II de Belgique refuse de remettre cette récompense à ce romancier qui sent trop le soufre (Courrier International, n° 577, 22 novembre 2001). En 1966, Reve avait dû faire face à un procès pour blasphème mais il fut acquitté. Dans un passage de son livre Nader Tot U, le narrateur reçoit la visite de Dieu, sous les traits d’un âne qu’il doit « longuement posséder trois fois de suite dans son ouverture secrète ».
Une association catholique a portée plainte pour blasphème en 2005 contre le curé de Notre-Dame de Lourdes à Jette qui avait accueillit une exposition intitulée « Irreligia » (Irréligion) dans laquelle on trouvait « un confessionnal construit en Lego, des reliques ornées de croix gammées, un portrait de la Madone criant ‘de l’argent !’… » (Marianne, 15-21 octobre 2005).